Maurin, Eric. La peur du déclassement; Une sociologie des récessions. Paris, Seuil, La République des Idées. 2009.

(EM distingue claramente la noción de desclasamiento del fenómeno de miedo al desclasamiento. Si bien el desclasamiento es un fenómeno que puede medirse estadísticamente y que afecta especialmente a los sectores populares, el miedo es un fenómeno global y difuso que se produce en el imaginario de las personas y los grupos y que afecta especialmente a los sectores medios y altos de la sociedad. Este miedo genera comportamientos separatistas en materia educativa y residencial, exacerbados en el contexto de crisis económicas y de recesión como se vive actualmente.)

« L’espace social se polarise et la valeur de ce qui pourrait se perdre en cas de licenciement ou d’échec scolaire augmente dans des proportions inédites. En augmentant subitement les enjeux, les récessions créent un choc psychologique dont l’onde se propage bien au-delà de la petite minorité qu’atteint effectivement le déclassement. Devant l’ampleur de ce que coûterait un échec scolaire ou un déclassement social, chacun mobilise toutes les ressources à sa disposition pour en éloigner le spectre ce qui attise la concurrence dans les écoles, sur le marché résidentiel et dans les entreprises. Il l’est pas étonnant, dès lors, que ces tensions aient aussi des répercussions dans le domaine social et politique: défense acharnée du statut, attirance pour les syndicats les plus protecteurs, prégnance des idéologies antilibérales, tentations du protectionnisme, méfiance vis-à-vis de l ?europe. Ce qui explique le développement de ces sensibilités, ce n’est pas le déclassement effectivement subi ; c’est le raidissement devant la perspective ou même la possibilité du déclassement » (9)

(EM analiza las evidencias empíricas existentes para el caso de Francia, que tuvo durante las últimas décadas una serie de activas políticas de democratización de la educación. En el contexto francés, existe una peculiar articulación entre el papel del sector público y del sector privado. En épocas de recesión, el sector público actúa como refugio frente a la disminución de posibilidades de empleo en el privado. Pero el sector público ofrece una serie de ventajas importantes y el acceso a puestos públicos exige calificaciones y méritos donde la educación juega un papel fundamental. En este contexto, los datos muestran que el incremento vertiginoso del número de diplomados sobre el mercado de trabajo no produjo desvalorización sino un refuerzo de las ventajas estatutarias a las que da lugar la posesión de un diploma. En palabras de EM:

“La question doit donc être déplacée: la source du malaise ne réside pas dans la perte de statut subie par les diplômés, mais au contraire dans la valeur exorbitante que les diplômés ont fini par acquérir et dans l’énormité de ce qu’un échec scolaire fait perdre. Ici encore, l’expérience universelle d’est pas le déclassement mais la peur du déclassement ». (55) (…) « l’impératif de ne pas échouer à l’école n’a pas diminué; au contraire, il est devenu écrasant. Ce qui mine aujourd’hui les familles, ce n’est pas le fait que les efforts à l’école ne seraient plus récompensés, ce n’est pas la dévalorisation de la réussite scolaire et la désillusion, c’est au contraire l’enjeu démesuré que revêt la compétition scolaire: chaque année, il devient de plus en plus important de réussir, et ce poids pèse plus que jamais sur les épaules des enfants. » (58) (…) « Le paradoxe est que, de ce fait, le prix d’un échec scolaire a considérablement augmenté : du diplôme dépend non pas seulement l’insertion professionnelle du début de la vie active, mais toute la trajectoire sociale. » (61)

(La peculiaridad del caso francés o, dicho de otra manera, del efecto de las políticas de democratización educativa, es que ha contribuido a reducir las brechas entre los hijos de familias de diferentes clases sociales. La democratización de la educación no ha suprimido las desigualdades sociales, pero ha reducido considerablemente las distancias.)

“Le malaise français ne provient donc pas d’une perte de valeur des diplômes au profit de l’origine sociale, mais bien de l’inverse: les protections procurées par le statut social des parents s’effritent en même temps que les titres scolaires deviennent de plus en plus cruciaux. Du coup, la peur d’échouer à l’école s’accroît dans tous les milieux sociaux, mais nulle part de façon aussi écrasante qu’au sein des classes supérieures de la société, autrefois beaucoup mieux protégées de la concurrence des classes les moins favorisées. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la démocratisation de l’école que d’être ainsi au principe du durcissement de la concurrence scolaire et de la persistance d’inégalités sociales extrêmement profondes à l’école » (73)

(El miedo a la pérdida de status toca mucho más directa y profundamente a las clases medias y superiores. Esta es la razón que explica la enorme actividad que desarrollan estos sectores para diferenciarse de los estratos más populares.)

« Les familles les plus riches et les plus diplômées n’ont jamais été aussi actives sur les marchés scolaires et résidentiels ; elles n’ont jamais fui avec autant de diligence la proximité des classes populaires : elles n’ont jamais accordé autant d’importance à l’environnement social et scolaire dans lequel grandit et se forme leur progéniture. » (90) (…)  « L’inquiétude des familles les plus aisées explique également la pression qu’elles exercent pour que soient maintenues les classe de niveau dans les collèges et lycées. Sous prétexte de réserver les options de langues les plus exigeantes aux meilleurs élèves, ces classes permettent de séparer le bon grain de l’ivraie : c’est la manière dont l’institution peut aider les familles les plus favorisées à éviter les plus défavorisés. Quand les principaux des collèges n’obtempèrent pas a cette demande explicite ou tacite, ils voient a la première déconvenue, leurs meilleurs élèves fuient vers le privé. Echouer a l’école n’a jamais été aussi pénalisant qu’aujourd’hui et les parent les plus aisés et les plus informés ont parfaitement intégré le rôle crucial du contexte social pour conjurer ce risque. La peur est a l’origine de la ségrégation urbaine ; elle entraîne aussi uns ségrégation scolaire entre les différents collèges et lycées d’une région et, au sein de chaque établissement, entre les divers filières et les différentes classes offertes aux enfants… » (91)

 

23-JCT Educación y sociedad

Material inédito

Título del archivo Word: "Maurin"

Fecha del archivo: 5 de julio de 2010.